Un pas après l’autre

Un pas après l’autre.

Une commande vient de tomber : 1000 sacs à confectionner ! C’est pour un festival. Vicky n’en revient toujours pas. Elle avait tant souhaité que son affaire décolle. Cette commande va tout changer. Il est temps de s’organiser. Elle prépare sa table de découpe et enchaîne : pose du gabarit, coupe, assemblage des pièces, 10 par 10, les sacs prêts à coudre s’entassent. Ensuite viendra le temps de la machine puis du fer et du pliage dans les cartons d’expédition. Pleinement absorbée dans son travail, entourée par les piles de ses créations qui grandissent autour d’elle, Vicky perd la notion du temps. Elle croit alors entendre sa grand-mère.

Un pas après l’autre, c’est ce qu’elle répétait. « Vous les jeunes, vous êtes toujours pressés ! Sais-tu qu’il faut au moins 10 ans de métier pour faire un bon artisan ! Ne cherche pas à aller trop vite, tu bâcles ton ouvrage. Défais-moi cette couture pour la reprendre correctement, tes points sont trop irréguliers. » Lui vient alors en tête cet épisode mémorable où elle s’était inscrite à cette excursion.

« Allez Vicky, tu peux le faire ! Vas-y ! mets ton pied droit sur la prochaine. Regarde moi, tu vas y arriver. Respire. Je sais que tu peux le faire. Oui, c’est ça ! Ton pied droit ! Bravo ! » Vicky embrassait sa peur du vide et doucement avançait sur cette montée escarpée avec son guide, un pas après l’autre.

De fil en aiguille, elle se demande si son amie Amandine était passée par là aussi. « C’est décidé ! » elle disait. Amandine se voyait déjà sur scène. Elle allait apprendre à jouer de la guitare. Elle en rêvait et m’en parlait tout le temps. Sont venus les premiers cours qui ébranlèrent sa détermination. Dans quel projet ne s’était -elle pas embarquée ! Son professeur la soutenait et temporisait son impatience. Un pas après l’autre.

La nuit est déjà tombée. On ne voit presque plus Vicky, noyée dans les piles de tissus. Elle est satisfaite et fatiguée. A ce rythme, il lui faudra encore 30 jours comme cela. Pour l’heure c’est de repos dont elle a besoin. Elle se fraye un passage jusqu’à la kitchenette de son studio devenu atelier. Elle se prépare rapidement un sandwich et s’effondre sur son canapé. Elle allume la télé et tombe sur un reportage. Dans une ambiance zen, le reporter commente :« Chacun de ses gestes est imprégné d’une conscience profonde. Il se dégage une présence intense dans cette petite salle où moi et mon ami sommes conviés pour une cérémonie du thé. S’en est même palpable, captivés par le rituel que nous découvrons, nous perdons la notion du temps. Cette cérémonie du thé se révèle être une véritable méditation. » Un pas après l’autre.

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